Derniers développements et impact sur notre scénario

04 mars 2020

Finance | bourse | graphique

Quels sont les principaux développements depuis le Flash spécial de la semaine dernière ?

  • Les indices PMI chinois de février ont été largement inférieurs aux attentes et bien en dessous des niveaux de 2008-2009 (35 pour l'industrie manufacturière et 29 pour les services), ce qui reflète l'impact macroéconomique du virus dû aux fermetures d'entreprises. Cependant, le nombre de cas semble avoir atteint un pic et les usines rouvrent, ce qui nous permet d'anticiper un rebond des PMI.
  • La liste des pays dans lesquels le coronavirus continue de se propager ne cesse de s’allonger, avec un nombre limité de cas signalés jusqu'à présent, mais ceux-ci devraient augmenter. Les mesures préventives limitant les déplacements et les manifestations publiques s'accélèrent en Europe. Certains gouvernements européens avertissent que la croissance de leur PIB en 2020 pourrait être révisée à la baisse de 0,3 à 0,4 %.
  • Des institutions internationales telles que l'OCDE revoient leur scénario pour tenir compte d'une croissance plus faible au cours du premier trimestre 2020.
  • Les marchés actions ont perdu 15 % en 6 jours, avec une volatilité record avant de rebondir sous l'effet de l'assouplissement monétaire.
  • La Réserve fédérale a annoncé une réduction exceptionnelle de 50 points de base du taux des fonds fédéraux avant la réunion du FOMC prévue le 18 mars ; C’est la première réduction entre deux réunions décidée par la Fed depuis 2008.
  • Il s'agit d'une mesure à la fois préventive et d'urgence visant à éviter la contagion macroéconomique et financière.
  • Jerome Powell a mentionné que l'épidémie nécessiterait une réponse à plusieurs niveaux ; l'action de la Fed sera probablement suivie d'un assouplissement monétaire coordonné supplémentaire de la part d'autres banques centrales et d'un soutien fiscal plus important.
  • À cet égard, nous notons que les autorités chinoises ont annoncé un plan de 3 000 milliards de RMB de liquidités supplémentaires et devraient augmenter les dépenses publiques pour compenser les effets du virus et maintenir la croissance du PIB près de 6 %.
 

Comment cela affecte-t-il notre scénario d'investissement ?

  • Nous pensons que la croissance du PIB sera faible au cours du premier trimestre 2020, notamment en Chine, comme en témoignent les indices PMI historiquement bas, et potentiellement une faible croissance du PIB au deuxième trimestre en Europe. Nous pensons que cet événement est à la fois un choc de la demande (dû à des mesures préventives) et un choc de l'offre causé par une perturbation à court terme des chaînes de valeur mondiales.
  • Les effets sur le PIB pourraient être modérés sur l’ensemble de l’année si la propagation mondiale de l'épidémie reste limitée et si les mesures fiscales/monétaires commencent à se refléter dans le PIB. Dans ce cas, la croissance du PIB en année pleine pourrait rester proche de 3 % ; un scénario dégradé (diffusion plus massive du virus et effet retardé du soutien monétaire et budgétaire) pourrait faire passer la croissance du PIB mondial en dessous de 2,5 % sur l’ensemble de l’année 2020.
  • Selon nous les bénéfices des entreprises seront affectés et que les révisions devraient s'accélérer ; nous avons abaissé nos prévisions de croissance des BPA de 3 à 4 points aux États-Unis et en Europe (zone dans laquelle les BPA devraient rester en territoire légèrement positif).
  • Néanmoins, nous considérons que ces révisions sont assez bien prises en compte par la correction de 15 % des marchés boursiers.
  • Nous pensons également que cette situation entraîne une redistribution de la valeur entre les secteurs (valeurs défensives contre valeurs cycliques), et au sein des secteurs, entre les modèles digitaux et modèles traditionnels, entre entreprises de qualité et les entreprises plus endettées.
  • En Europe, nous avions prévu une augmentation des spreads des obligations à haut rendement avant le début de la crise du coronavirus ; nous prévoyons désormais que le taux de défaut des obligations à haut rendement pourrait potentiellement passer d'environ 2 % à 3 %.
  • Le prix du baril de pétrole est tombé sous la barre de notre range cible de 50 à 60 dollars, affecté par une baisse de 20 % de la demande de la Chine.
  • En ce qui concerne les devises l'action de la Fed change la donne, l'EUR/USD étant revenu à 1,12. Nous avions défendu l’idée d’un affaiblissement du dollar en 2020, mais cette idée a été révisée en février en raison de l'élargissement des écarts de surprises économiques renforçant le dollar. Nous sommes redevenus à nouveau plus prudents sur le dollar au cours des deux dernières semaines, compte tenu du rallye et des actions potentielles de la Fed.
 

Qu'est-ce qui reste valable dans nos perspectives pour 2020 ?

  • La croissance mondiale reste proche de 3 % avec un dosage de politiques qui est globalement favorable.
  • Nous avions annoncé dans le Global Outlook une vision positive à long terme concernant les marchés émergents et les actions chinoises domestiques en particulier.  Nous maintenons cette vision constructive en dépit de l’épidémie de coronavirus.
  • La correction de février et les phases de volatilité supplémentaires peuvent être l'occasion de s'exposer à un marché qui représente plus de 15 % de l'économie mondiale mais qui a un poids bien moindre dans les indices mondiaux.
  • Un assouplissement monétaire supplémentaire de la part de la Fed pourrait devenir favorable aux marchés émergents.
  • À long terme, nous continuons de voir plus de valeur dans les actions que dans les obligations d'État et le crédit.
  • En Europe et aux États-Unis, nous continuons de privilégier les entreprises de qualité, ayant une visibilité des bénéfices et un faible effet de levier, mais nous devenons plus prudents à l'égard des entreprises dont le modèle d'activité repose sur le commerce mondial ou le tourisme.
  • Le prix du baril de pétrole pourrait repasser au dessus de 50 dollars au cours du second semestre de cette année, en raison des coupes de production attendues au sein de l'OPEP et d'un rebond possible de la demande chinoise.
  • En ce qui concerne les devises, nous estimons que les réductions de taux pourraient continuer à exercer une pression sur le dollar en raison d'un portage plus faible qu’auparavant. Cette dépréciation pourrait toutefois être plafonnée, étant donné qu'un assouplissement monétaire est également attendu en Europe. L’assouplissement surprise de la Fed pourrait devenir le catalyseur d'un rebond des devises émergentes.
  • Nous pensons que les flux d'investissement privilégiant l'environnement et les thèmes numériques continueront d’afficher des résultats solides.

04 mars 2020

À lire aussi

L’économie américaine va-t-elle finalement atterrir ?

Lancement de Banking Insider, le nouveau podcast d’Indosuez

No time to land