Plan de relance de la Fed : Réduction du taux des fonds fédéraux à 0% - 0,25%
La Fed a réduit son principal taux directeur, le taux des fonds fédéraux, de 100 points de base pour atteindre un corridor désormais défini avec une limite inférieure de 0% et une limite supérieure de 0,25%. Loretta J. Mester de la Fed de Cleveland a voté en faveur de toutes les mesures mais aussi en faveur d'un corridor plus élevé de 0,5% - 0,75%. Le Président de la Fed, Jerome Powell a fait remarquer que des taux d'intérêt négatifs seraient inappropriés pour les États-Unis, suggérant qu'il n'y aura pas d'autres réductions de taux à ce stade.
La Fed a déclaré que : « La Réserve fédérale est prête à utiliser tous les éléments de sa boîte à outils pour soutenir le flux de crédit aux ménages et aux entreprises et ainsi promouvoir ses objectifs de niveau maximum d'emploi et de stabilité des prix. »
À cette fin, le FOMC a décidé d'augmenter ses avoirs en titres du Trésor d'au moins 500 milliards de dollars et ses avoirs en titres adossés à des créances hypothécaires d'agences d'au moins 200 milliards de dollars, « à un rythme approprié pour soutenir le bon fonctionnement des marchés ». Tous les paiements en principal seront réinvestis.
Les opérations de mise en pension au jour le jour et à terme seront étendues. Les prises en pension seront proposées à 0%, avec une limite par contrepartie de 30 milliards de dollars par jour.
Le taux d'intérêt payé sur les soldes de réserves obligatoires et excédentaires (taux IOER) est fixé à 0,10%, à compter de ce jour.
Les taux de réserves obligatoires sont réduits à 0% à compter du 26 mars. Cette mesure élimine les réserves obligatoires pour toutes les institutions de dépôt.
Le taux de crédit primaire a été réduit de 150 points de base à 0,25%, une résolution adoptée à l'unanimité.
Le taux d'escompte est ramené à 0,25% et permettra d'offrir des prêts pour des périodes allant jusqu'à 90 jours.
La Fed maintiendra des lignes de swap avec cinq grandes banques centrales : la Banque du Canada, la Banque d'Angleterre, la Banque du Japon, la BCE et la Banque nationale suisse. Ces homologues des banques centrales commenceront à offrir des dollars aux institutions de leur juridiction pour une durée de 84 jours, en plus des opérations habituelles d'une semaine.
La Fed a déclaré que les mesures prises aideront « ...l'ensemble de notre économie à traverser cette période difficile et favoriseront un retour plus vigoureux à la normale une fois que les perturbations dues au coronavirus se seront atténuées ».
La réunion du FOMC de dimanche 15 mars 2020 a remplacé celle prévue les 17 et 18 mars.
La Fed ne présentera aucun nouveau matériel de prévision avant le mois de juin.
Action budgétaire
Toutes les mesures prises récemment par la Fed et d'autres banques centrales sont sans doute de bon augure et sont susceptibles de réduire les risques que la crise sanitaire ne se transforme en crise financière et, selon les termes de la Fed, elles favoriseront un retour plus robuste à la normale. Toutefois, c'est l'action budgétaire qui peut empêcher l’anéantissement des capacités de production. En particulier, les pertes de revenus doivent être compensées et les entreprises doivent bénéficier d’une aide afin d'éviter la faillite.
La Chambre des représentants des États-Unis a adopté vendredi 13 mars 2020 un projet de loi que le Sénat devrait voter cette semaine. Le coût de ce projet n'est pas encore connu et le Bureau du budget du Congrès est en train d’en calculer le prix. Le plan comprend la mise en place d’une rémunération pour un congé maladie ainsi qu’un congé familial et médical, à hauteur de 75% du salaire. Toutefois, cela ne s'applique qu'aux entreprises de moins de 500 employés et au gouvernement, ainsi qu'aux personnes infectées, mises en quarantaine ou touchées par la fermeture d'écoles et/ou dont un membre de la famille est malade. Les entreprises de moins de 50 salariés peuvent demander une exemption. 59 millions d'américains travaillent pour des entreprises de 500 employés ou plus et environ 6,5 millions d'entre eux ne bénéficient pas de jours de congé maladie rémunérés. Douze autres millions de personnes travaillent pour des entreprises de moins de 50 salariés et n'ont pas de congé maladie rémunéré. Certaines grandes entreprises, dont Walmart et Target, ont annoncé qu'elles accorderaient des congés maladie rémunérés à leur personnel. Les dispositions légales expireraient dans un an.
Le projet de loi prévoit également la gratuité des tests de dépistage du coronavirus pour tous, y compris pour les personnes non assurées. Cela nécessite évidemment la disponibilité plus généralisée des kits de test et des ressources de laboratoire. Les États bénéficieront d'une augmentation de 6,2 points de pourcentage des paiements fédéraux pour Medicaid.
Un milliard de dollars supplémentaire sera alloué aux programmes de sécurité alimentaire. Dans sa forme actuelle, le projet de loi interdit à l'administration de limiter le programme actuel de coupons alimentaires comme prévu à partir du 1er avril, pour la durée de la pandémie de COVID-19.
Les États peuvent également recevoir un total d'un milliard de dollars de subventions d'urgence pour les aider à mettre en place et à financer l'assurance chômage.
Ces mesures ne seront utiles que lorsqu'elles auront été approuvées. La Suisse a réussi à mettre en place une aide de 10 milliards de francs suisses vendredi dernier, sans nécessiter de longues procédures bureaucratiques. Le temps est évidemment un facteur essentiel lorsqu'il s'agit de contribuer à limiter le rythme de propagation du virus et le coût économique des mesures prises.
Nous persistons à penser que le nombre de nouveaux cas pourrait atteindre un pic au deuxième trimestre et que la confiance en général et dans les marchés financiers peut s'améliorer à partir de ce moment. La nature de la crise devrait rester temporaire même si la durée du mot « temporaire » risque de se prolonger. En termes approximatifs, nous estimons que l'impact négatif sur le PIB mondial pourrait atteindre 0,5 point de pourcentage par trimestre supplémentaire de durée. Si l'on se limite aux deux premiers trimestres de cette année, on peut imaginer un PIB mondial de l'ordre de 2,4%. Sur la base des informations actuellement disponibles, nous pensons que le second semestre de 2020 pourrait voir une nette reprise de l'économie et des marchés financiers.
Sources : https://www.federalreserve.gov/monetarypolicy/files/monetary20200315a1.pdf, https://www.nytimes.com/2020/03/14/us/politics/congress-coronavirus-bill.html, Indosuez Wealth Management.
16 mars 2020